J’ai publié cette lettre remise mardi 5 février en mairie par son auteur puisque c’est une « lettre ouverte aux administrés de la commune de Thuret ». Sinon, je ne l’aurais évidemment pas fait.
Et j’apporte de même certains éléments de réponse. Un courrier personnel a été envoyé par ailleurs à son auteur.
Ce courrier interpelle le principe républicain de donner son
avis personnel et le respect des personnes et des institutions.
J’ai toujours considéré, y compris dans mes fonctions professionnelles précédentes citées en partie par l’auteur, que la discussion valait mieux que la suspicion, les procès d’intention, l’affrontement direct sans espace de discussion.
Et ce projet en est un exemple.
Que faire d’un tel courrier qui ne laisse aucune place à aucune
réflexion et encore moins à une discussion pouvant aller vers une réelle
construction collective du projet.
Mon rôle, selon l’auteur, est seulement d’abandonner vite ce
projet qui défigurerait le village. Point final !
Ce n’est pas du tout la conception que j’ai de la démocratie,
ni celle de l’équipe municipale, ni celle de la plupart de nos concitoyens.
Que faire alors de tous les autres points de vue très
personnels qui pourraient s’exprimer de la même manière ?
Que dire aux parents d’une enfant renversée sur un passage
piéton tout près de la boulangerie il y a bientôt un an ? Que nous ne
ferons rien parce qu’une personne le veut ?
Comment prendre en compte l’avis tranché, définitif, qui en
plus s’attaque directement à ma personne alors que ce projet concerne un grand
nombre d’habitants pour qui la sécurité (vitesse sur les axes, cheminements
pratiques et sécurisés…) est essentielle ?
Ce courrier interpelle aussi le fondement du projet.
D’après l’auteur de cette lettre ouverte, la raison qui doit
nous conduire obligatoirement à cet abandon pur et simple est l’éventualité de
« porter un préjudice aux commerces, notamment à la boulangerie ».
J’aurais apprécié que l’auteur s’appuie sur des expériences vécues : y-a-t-il des commerces de village qui parce que la place où ils se situent est très nettement embellie, rendue accessible, sécurisée, avec une modification du plan de circulation, perdent de ce fait des clients et voient leur chiffre d’affaire chuter. Qu’aurait-il fallu faire alors ? Quelles erreurs pourrions-nous éviter ? Utilisons les erreurs des autres pour ne pas les faire !
Non l’auteur amalgame dans un procès d’intention l’évêque et
le maire, « l’autoritarisme » des élus locaux et les gilets jaunes,
la toute puissance supposée d’un maître d’école et le drame prévu dû à un sens
unique supposé qui n’a été évoqué qu’une seule fois, comme bien d’autres
éventualités, et jamais travaillé.
Et sous-entend une gestion dépensière, des hausses de taxes
que nous aurions décidées, des comportements dénués de tout respect…
Monsieur, si vous étiez attentif à la marche de la commune, vous sauriez que les taxes n’ont pas bougé et ne bougeront pas durant ce mandat comme nous nous y étions engagés, que si certaines personnes dont vous faites partie ont vu augmenter la somme réclamée par le Trésor Public en bas de leurs feuilles d’imposition (taxe sur le foncier bâti, taxe d’habitation) c’est que ces personnes ont fait des travaux, des agrandissements, des changements d’affectation, ou c’est une régularisation de logement loué, auparavant non déclaré. Je pense que vous êtes parfaitement clair sur les raisons de l’augmentation de votre feuille d’impôt local.
Et si toutefois le fisc a commis une erreur, ce qui peut
bien entendu arriver, c’est au fisc qu’il faut réclamer, et pas imputer de
manière fallacieuse au maire cette augmentation.
Vous pensiez que j’étais le décisionnaire du changement
d’horaire de la messe dominicale ? Pourquoi n’êtes-vous pas venu me voir
dès le changement pour me poser cette question ? Je ne vous ai pas
rencontré sur ce sujet, ni lu aucun courrier de votre part ni de personne. De
même, avez-vous contacté l’évêque, ou plus simplement le curé de la paroisse
pour demander des explications ? Ce sont, me semble-t-il, les premières
personnes concernées !
Alléguer de connivence sans chercher à savoir est beaucoup plus
facile ; mais c’est injuste et injurieux.
Pour revenir au projet tel que nous l’avons discuté en
réunion publique, je pense que vous méconnaissez à la fois ce que nous
proposons, les raisons et contraintes, la règlementation et les coûts. Ce
projet existe déjà depuis 2011. Il est public et en ligne : c’est le
Projet d’Aménagement de Bourg, le PAB, qui est un document cadre indispensable sans
lequel on ne peut aller chercher certaines subventions.
Oui nous empêcherons de rouler vite sur la 210 comme sur la
211, avec le Conseil Départemental, par un rétrécissement de la chaussée tout
en restant dans les normes réglementaires imposées par la catégorie de chaque
voirie, par la création de courbes atténuant la sensation de ligne droite, par
la mise en place de plusieurs passages piétons surélevés délimitant une zone à
30 km/h, par l’éventuelle évolution des feux tricolores actuels côté école, par
le reprofilage des croisements…
Oui nous créerons de réels cheminements piétons permettant
le passage de poussettes pour aller de chacun des parkings, Madeleine de
Chazelles comme La Marmite, au cœur de bourg, de manière simple et sûre. C’est
le gage pour que ces parkings soient mieux utilisés.
Oui nous travaillerons les emplacements de parking rue du
Champ de l’Oie, comme demandé fort justement en réunion publique.
Oui nous étudions toutes les possibilités pour que les
ensembles routiers puissent stationner le temps d’un café, d’un paquet de
cigarettes, ou d’un repas, sans être nécessairement en drive, mais dans des
lieux pratiques.
Oui nous étudions depuis le début les parcours des transports scolaires comme
des ensembles routiers et des engins agricoles et nous continuons.
Oui nous soignerons la signalétique qui sera travaillée avec
tous les professionnels concernés, commerçants, artisans, services pour que
chacun sache où se garer, où sont les commerces…
Oui la place ne sera plus la même, mettant en valeur
l’église classée qui attire autant de pèlerins que d’amoureux du patrimoine.
Oui la partie voirie de cette place sera interdite à tous les
poids lourds sauf livraison car tout simplement la structure de cette voirie
n’a pas été faite pour accepter de telles masses et que la commune n’a pas les
moyens financiers de la refaire dans toute son épaisseur. Même si le projet ne
pouvait aboutir faute de financements suffisants, ou par le fait d’une ou deux
personnes comme l’auteur de cette lettre, elle serait très vite interdite aux
poids lourds sauf livraison.
Oui les quatre commerces du centre bourg nous importent. Et
leurs avis ne sont pas pris à la légère.
Oui il y aura deux emplacements minutes possibles devant la
boulangerie et deux emplacements minutes devant le restaurant qui ne pourront
pas être des stationnements ventouse.
Oui nous créerons six nouvelles places de parking devant le
bar de l’église.
Oui aussi nous supprimons les quatre places près de la croix
de la mission, comme les places libérées par la suppression de l’arrêt de bus.
Oui nous adopterons un règlement de stationnement au cœur de
bourg interdisant les voitures ventouses qui consomment pendant des semaines et
même des mois des places à proximité des commerces.
Et nous créerons le maximum d’emplacements le long de la rue
du Champ de l’Oie, comme nous l’avons déjà fait le long de la rue du Pré du
Moulin.
Oui nous créons un trottoir important de plus de quatre
mètres de large tout le long des commerces.
Oui l’emplacement extérieur du restaurant passera de la rue,
entre les voitures, au large trottoir.
Oui les devantures des commerces sembleront vieillottes au
regard de la place rénovée.
Oui l’accès à l’école et au centre de loisirs sera le plus
possible sécurisé, notamment avec un large plateau d’accès et plusieurs autres
aménagements.
Et enfin, OUI ce projet est un projet que l’équipe
municipale propose à la DISCUSSION, pour que chacun puisse prendre en compte
TOUS les usages et contraintes de ces espaces (et pas seulement les siens
uniquement), puisse entendre et intégrer TOUS les avis et demandes des usagers,
pour en faire une réalisation la plus intéressante pour le maximum d’habitants
de la commune et d’usagers, dans un budget évidemment contraint.
Et enfin, NON, je n’accepte pas d’être ainsi agressé.
J’ai confié à la cellule juridique de l’Association des Maires de France et au
service juridique de notre assurance d’élus le soin d’apporter une réponse
éventuellement judiciaire à ce courrier que je suis contraint de publier.
Je compte sur la sagesse et la responsabilité de chacun d’entre nous pour poursuivre la réflexion durant les quelques mois qui viennent, le plus sereinement possible, dans le respect de chacun, tout en exprimant bien évidemment toutes ses questions, toutes ses envies, toutes ses craintes, tous ses besoins.
Ce projet doit rassembler et non diviser. Il ne doit pas privatiser des usages, mais favoriser. Il ne doit pas être un frein au développement commercial, mais un atout. Il ne doit pas être un point de crispations et de mécontentements mais l’élaboration d’un lieu convivial, vivant et accueillant.
C’est un projet d’avenir, qui doit nous emmener plus loin,
vers d’autres usages comme un petit marché de producteurs, des emplacements
conviviaux (boules, tables, bancs…), une borne de recharge de véhicules
électriques, et d’autres à proposer et travailler… qui pourront être autant
d’attraits nouveaux pour de nouveaux usagers.
C’est un élément phare du développement harmonieux et mesuré de notre commune.
Pierre LYAN, maire, et l’équipe municipale